«Je travaille en mêlant intimement la peinture et le dessin.
Pour chaque nouvelle peinture, le défi est de rester libre et léger,
sans jamais se désolidariser de la couleur.» Retel

Depuis quand pratiquez-vous la peinture ?
Je peins depuis toujours. C’est vrai : la peinture m’a toujours accompagnée, de l’école maternelle à aujourd’hui ! Et j’aime voir le regard surpris d’un enfant quand je lui dis que je suis artiste peintre. C’est comme si j’entendais sa pensée : « Quoi, il y a des vieux qui font de la peinture ? Ça n’est pas seulement un loisir d’enfant ? »

Êtes-vous autodidacte ou bien avez-vous pris des cours de peinture ?
J’ai une formation classique. En fait, j’ai pris des cours, enfant, le mercredi après-midi. Puis j’ai passé cinq ans à l’école des Beaux-arts à Tours. Je me suis ensuite formé à Paris, à l’atelier de Milaine Lung. J’ai suivi aussi une formation à l’école des Gobelins pour apprendre à faire des décors de dessin animés (peinture sur ordinateur). Je fais partie des gens qui pensent que la peinture : ça s’apprend ! Il n’y a pas de «don», juste un amour passionné pour cette activité, et des heures et des heures de travail… Pour moi, la peinture, c’est comme la musique : si vous mettez une flûte dans les mains de quelqu’un, et s’il n‘a personne pour lui apprendre à en jouer, il risque fort de renoncer. Ou bien, il lui faudra apprendre avec des livres, ou des vidéos, ou bien en copiant des œuvres d’artistes connus, sinon il sera vite limité…

Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai travaillé dans des agences de publicité, j’ai fait des décors pour des films de dessins animés, des illustrations, et puis j’ai donné des cours de peinture.

Comment pourrait-on décrire votre peinture ?
J’allie, la main dans la main : la peinture et le dessin. J’aime le figuratif, la couleur, la gestuelle de la touche. J’aime quand on voit comment est faite la peinture. Un ami avait dit un jour que je faisais de l’ « expressionnisme poétique», et j’aime bien cette expression !

Comment procédez-vous ?
Je peins des paysages sur le motif (en plein air), ou bien des personnages d’après modèle vivant, et puis ensuite seulement, je travaille en atelier. Cela signifie que j’ai besoin d’être confrontée au réel, à la présence d’une personne, ou au vent qui fait bouger les nuages, ou aux changements de lumières sur un paysage. J’ai besoin de peindre du «vivant», car c’est ce qui donne de la vie à ma peinture. Je n’aimerais pas que mes peintures soient figées ou que l’on y sente la copie d’une photo…

Vous peignez à l’huile ou à l’acrylique ?
C’est une question que l’on m’a souvent posée lors d’expositions ! C’est une question très technique dont je ne comprend pas bien la raison d’être. Pour moi, c’est un peu comme si l’on demandait à un musicien s’il vient de chanter un la ou un sol. Quelle importance ? Je crois qu’un amateur d’art doit se faire confiance : soit il aime une peinture, soit il ne l’aime pas. Moi, par exemple, je n’y connais rien en musique et je ne sais souvent même pas quels instruments sont utilisés, mais je n’ai pas honte : j’aime ou je n’aime pas ! Bon, je suis capable de dire : c’est la douceur de la mélodie qui m’attire ou bien la poésie des paroles, etc, mais comment c’est fait, « la recette de cuisine », reste un mystère qui ne m’intéresse pas vraiment. J’aimerais qu’en peinture, il en soit de même : seul le résultat compte.

Combien de temps mettez-vous pour faire une peinture ?
Oui, combien de temps ? C’est impossible à dire car d’une peinture à l’autre c’est très différent. Il y a le temps des études préparatoires, puis parfois je modifie, et je modifie encore, et parfois non. Mais le temps passé ne nous apprend pas grand chose sur la valeur d’une peinture. Si pour qu’une peinture soit réussie il fallait y passer un temps fou, alors ce serait facile : pour faire un chef d’œuvre, il suffirait de passer sa vie sur une seule et même peinture, en espérant être centenaire !

Depuis quand vivez-vous en Creuse ?
J’habite la Creuse depuis 2012. A l’époque, je suis arrivée avec mon compagnon, artiste peintre lui aussi, et qui est décédé aujourd’hui. Et nous avons eu un vrai coup de foudre pour la Creuse que nous ne connaissions pas. A chaque tournant, les maisons en pierres, les arbres – tous si différents les uns des autres -, les haies, les murets en pierre sèche, les chemins, les poulaillers de plein champ… et c’était le regard de deux peintres éberlués : «Comme c’est beau ici ! Comme c’est beau !».